Reformulation du projet en janvier 2017

Les doctorants en cursus à l’Udem sont amenés à formuler et à reformuler leur projet de thèse. Voici donc une nouvelle formulation, rédigée dans le cadre du «forum doctoral», consacré à l’élaboration du «dossier de synthèse».
C’est une formulation plus courte quel la précédente mais dont la problématique est mieux construite. , même si probablement pas définitive. Au moins me permet-elle de penser.

Je reste attaché, pour le moment, à l’intitulé travaillé avec Louise Merzeau en mars 2015. Il reste pertinent et me sert de point d’ancrage.


Dispositifs d’éditorialisation en environnement numérique : vers un renouvellement des pratiques d’écriture et de lecture en lettres et sciences humaines ?

En transformant radicalement le support d’inscription du savoir, le numérique transforme également les dispositifs d’écriture et de lecture, et dans le même temps suscitent de nouvelles pratiques au sein des communautés savantes. Ce projet de thèse souhaite revisiter l’agencement classique entre institution, dispositif et support en partant de deux constats problématiques pour l’institution académique, à savoir 1) l’hybridation de pratiques savantes et non-savantes, générées par les nouveaux dispositifs numériques d’écriture et de lecture, et 2) la dérive de la publication, soumise à des contraintes et motivations de natures diverses de plus en plus éloignées de l’élévation des connaissances. C’est en fait la question de la discussion scientifique que nous souhaitons poser, à partir du constat que les lieux et les formes de la controverse et du consensus échappent de plus en plus à l’institution académique, suivant ces deux tendances paradoxalement liées : l’asphyxie de la publication traditionnelle et l’explosion des formes d’écriture.

Nous nous inscrirons dans le domaine théorique des humanités numériques à deux niveaux. Premièrement sur le plan disciplinaire et méthodologique en investissant les outils numériques et les protocoles associés, propres à la transformation des champs disciplinaires, et notamment les études littéraires.

Deuxièmement, sur le plan épistémologique, en adoptant la position des « Études numériques » (ou encore Digital Studies) qui cherchent à appréhender le changement d’épistémé, au sens de Foucault, en étudiant les transformations à l’œuvre sur le savoir, les formes de production et de circulation des connaissances, et notamment sur les objets paradigmatiques du savoir : le livre, l’archive, le corpus. Du point de vue de ces études numériques, les études littéraires et les humanités en général, se révèlent autant de terrains de recherche.

Nous aborderons cette problématique en mobilisant la notion d’éditorialisation, qui peut notamment être comprise comme un processus d’édition numérique continu, c’est-à-dire ouvert dans le temps et dans l’espace, et qui permet de décrire les processus de production, de circulation et d’appropriation des connaissances dans l’environnement numérique. Dans la lignée des travaux de Bruno Bachimont et de Marcello Vitali Rosati sur la notion, il s’agira d’articuler la fonction institutionnalisante portée par l’éditorialisation pour penser cette tension entre pratique et norme dans le champ littéraire.

Nous mobiliserons également la notion d’intermédialité afin de saisir les jeux de relations et d’intersections entre les idées, les supports qui les transportent, et les contextes institutionnels qui les sous-tendent.